COMMENT TIRER PROFIT DE LA LITTÉRATURE GRECQUE – Basile de Césarée
9782251800219
Aux jeunes gens. Comment tirer profit de la littérature grecque | Belles lettres
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Pour qui est familier de la pensée platonicienne, ce cours texte de Basile de Césarée saura sans doute plaire.
Diverses hypothèses ont été soulevées par la critique quant à l’année de rédaction du discours sans qu’aucune d’entre elles, selon le préfacier Arnaud Perrot, n’emporte la conviction. Nous nous contenterons ici d’indiquer que Basile de Césarée, qui est par ailleurs l’un des Pères de l’Église, vécu de 329 à 378.
Devant l’importante somme d’œuvres profanes qui faisaient toujours partie de la formation intellectuelle au début de l’ère chrétienne, la question de leur valeur se posait avec une certaine urgence aux tenants du christianisme. Plusieurs penseurs, tel Saint-Augustin, ont cherché à y répondre en privilégiant une approche critique à leur égard. C’est cette même voie qu’entreprend Basile de Césarée, dont la littérature grecque, à ses yeux, prend valeur de propédeutique à la vraie foi, aux Écritures saintes et à la théologie. Dans son discours – dont les destinataires seraient, selon certains, ses neveux –, Basile en appelle au jugement des jeunes gens : seule la part vertueuse de la littérature profane mérite l’intérêt. Les descriptions des passions et des plaisirs du corps souvent rencontrées chez les auteurs grecs, de même que les querelles entre les dieux eux-mêmes, à force d’habitude, ne peuvent qu’inviter à leur imitation. Au contraire, ce sont les passages qui exhortent à la vertu qu’il exige de conserver et de transmettre, les Grecs s’en étant fait une idée proche de la vertu chrétienne. Basile insiste sur les dangers du corps, à l’instar de Platon qui semble à ses yeux, peut-être, le plus incontournable d’entre eux. Bien qu’il fasse l’éloge d’Homère ou d’Hésiode, c’est en effet les textes philosophiques, pour Basile, qui doivent prioritairement retenir notre attention.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, à aucun moment l’auteur ne cherche à surinterpréter la matière grecque pour qu’elle coïncide avec les vérités chrétiennes. À cet égard, Basile rappelle que Moïse lui-même exerça son intelligence au sein de la culture égyptienne ; la sagesse n’est pas l’exclusivité du christianisme, bien que celui-ci en soit l’aboutissement. Ainsi, la littérature grecque constitue un réservoir important de vies exemplaires ; il convient à la jeunesse de les imiter.
David Labrecque