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La renarde et le mal peigné de Pauline Julien et Gérald Godin
D’abord, le syndrome du voyeur nous prend : vais-je réellement faire intrusion au coeur d’une telle intimité, m’immiscer ainsi dans les coulisses de la vie commune de ces deux personnalités publiques? S’arrêter à cet inconfort reviendrait toutefois à négliger l’aspect littéraire de ces lettres, la profondeur des réflexions sur l’amour et sur l’écriture qu’elles entrainent. On s’abandonne peu à peu à leur lecture pour réaliser que la relation qu’entretiennent les deux artistes est un projet tout aussi prenant et important que la carrière musicale de Pauline ou l’engagement politique de Gérald.
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Nick Cave, Mercy on me de Reinhard Kleist
Honoré plusieurs fois pour son travail, Reinhard Kleist s’est taillé ces dernières années une place de choix sur la scène de la bande-dessinée allemande. Feuilletez son dernier album et vous constaterez de toute évidence pourquoi. Le portrait, dans la maîtrise du trait, est troublant: cheveux électriques, joues maigres, nez arqué, sourcils froncés et des lèvres molles qui traduisent l’insatisfaction, l’écoeurement. Après Johnny Cash et Fidel Castro, Kleist a vraisemblablement choisi un sujet au physique atypique…
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Encabanée par Gabrielle Filteau-Chiba
Après avoir refermé le roman d’Anne Hébert, Gabrielle Filteau-Chiba rapatrie ses crayons, respire un grand coup et prend une décision irrévocable : quitter Montréal. Quitter la ville, la morosité, les files indiennes, les soucis d’apparence et de performance. Partir loin, creux dans le bois, dans un camp forestier de Kamouraska. S’encabaner.
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Au pays des choses dernières : le voyage d’Anna Blume de Paul Auster
L’intrigue du roman repose sur la quête d’Anna Blume, jeune fille de 19 ans qui part à la recherche de son frère William, envoyé plus tôt dans une ville lointaine en tant que journaliste et qui ne donne plus de signe de vie depuis des mois. Après un long voyage, lorsqu’elle parvient jusqu’à la ville en question, celle-ci ne ressemble en rien à ce qu’elle avait imaginé. Anna découvre un paysage de pierres et de ruines où règnent la violence, la misère et la mort. La ville l’emprisonne dans ses griffes et elle doit trouver le moyen d’y survivre. Ceci dit, le contexte apocalyptique est traité par Paul Auster avec originalité. Pas de surabondance d’événements destructeurs ni de combats démoniaques : l’auteur joue plutôt avec la précarité du monde et sa disparition – à l’origine, le roman porte le titre The Country of Last Things. Les objets disparaissent d’abord littéralement, puis c’est au tour des mots qui les désignaient de tomber dans l’oubli; la mémoire et le langage s’érodent eux aussi.