Simon Boulerice et «l’enfant mascara»
9782760942264
L’enfant mascara | Lemeac
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Les années passent et les romans à thématique LGBTQ émergent de plus en plus en librairie, perdant ainsi leur pudeur. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est dans le rayon jeunesse que nous pouvons trouver de plus en plus de livres sur le sujet. Un défi de taille pour ces auteurs désireux de démystifier ces tabous sociétaux à des enfants et des adolescents, prisonniers entre l’innocence et la connaissance.
L’enfant mascara a valu à son auteur, Simon Boulerice, d’être finaliste au Prix Espiègle 2017 qui est attribué par les bibliothèques scolaires du Québec. S’étant inspiré de faits réels, Boulerice nous met dans la tête du jeune Larry King, un enfant né dans le mauvais corps et malheureusement victime d’un meurtre sordide de nature homophobe et transphobe. Le 12 février 2008, Larry King dit Leaticia Queen, est tué(e) par son camarade de classe Brandon McInerney, qui lui tira deux balles dans la tête. Queen succomba à ses blessures le lendemain et son bourreau fut entre-temps arrêté. Cependant, ce n’est qu’en décembre 2011 que McInerney plaide coupable, il est alors condamné à 21 ans de prison. Un fait qui chamboule énormément les mentalités aux États-Unis. Quoi de plus significatif qu’une telle chose se produise là-bas, où encore aujourd’hui certains droits fondamentaux ne sont pas respectés.
L’histoire, narrée par Larry/Leaticia lui(elle)-même, fut adaptée très librement par l’auteur. Il y raconte la vie qu’il(elle) a menée en tant que Larry, puis en tant que Leaticia. Au fil du récit, nous pouvons déceler l’impact qu’a eu son passé douloureux sur son comportement, puisqu’il pose des actions à la manière d’un enfant innocent et désinvolte. Il semblerait qu’il ait souffert d’un trouble affectif, sans doute causé par son abandon de ses parents biologiques et par la souffrance vécue en famille d’accueil. Le style d’écriture rend hommage à son histoire puisqu’il est autant poétique que cru, mais enjolivé par l’amour que cherche désespérément Larry/Leaticia. Finalement, ce n’est peut-être que cela qui lui manquait pour devenir qui il/elle est réellement, du soutien.
Élizabeth Joosten