Les furtifs d’Alain Damasio
Une fable moderne de l’acception de l’autre
Quinze ans. Quinze ans que l’on attendait une nouvelle parution d’Alain Damasio, vedette française de la science-fiction et de la fantasy. Damasio a déjà publié deux romans, qui ont tous deux atteint un statut mythique : La zone de dehors, roman de science-fiction politique et philosophique, et La horde de contrevent, roman de fantasy épique. Deux grands romans écrits par un auteur qui s’entoure de mystère; il vit isolé, il est absent de tous réseaux sociaux et ne possède pas de cellulaire. C’est en juin que son troisième roman, Les furtifs, est arrivé sur les rayons. En grand Damasio, on y retrouve un univers dystopique où le contrôle, l’hyper connexion et la xénophobie sont les thèmes clefs.
La France, 2041. Le pays et les villes sont sous le contrôle des multinationales. Plusieurs grandes villes sont même la propriété de ces multinationales, qui contrôlent tout et où les citoyens sont des clients. Pour obtenir différents accès à la ville, les gens doivent être bagués, c’est-à-dire, qu’ils doivent porter une bague qui les relie au système de contrôle et, selon leur forfait, ils peuvent se déplacer plus ou moins librement dans les villes. Dans ce monde hyper contrôlé, hyper surveillé, il existe des êtres de chair et de son, qui vivent hors des normes humaines et que personne ne voit : les furtifs. Seules quelques personnes connaissent l’existence de ces êtres, dont le RÉCIF (Recherche, Études, Chasse et Investigations Furtives), un organisme paramilitaire. C’est à cet organisme que Lorca Varèse vient d’adhérer. Ancien sociologue, ancien militant anticonformiste, anti-bague, anti-autorité, il s’oblige à s’enrôler dans le Récif, car il croit fermement que sa fille Tishka a été enlevée par les furtifs. En leur faisant la chasse, il est convaincu qu’il va la retrouver. Mais comment chasser ce qui ne se voit pas, comment traquer l’intraquable? Lorca va donc intégrer la meute, l’équipe vedette du Récif, et débuter sa traque.
Les attentes étaient très grandes envers ce roman et les critiques se divisent en deux extrêmes. Certaines sont dithyrambiques ; d’autres disent que Damasio s’est planté. Personnellement, j’ai vraiment apprécié ma lecture du roman, car je retrouvais le Damasio que j’aime : la qualité de l’écriture, une utilisation du français incroyable, la contestation, l’esprit de groupe. On perçoit parfaitement l’opinion de Damasio sur l’hyperconnectivité, le fait que par nos petits bidules électroniques, les gouvernements et les multinationales connaissent tout sur nous. Mais le principal message du roman est l’acceptation de l’autre, de l’inconnu. Je parlais de xénophobie plus tôt, car c’est vraiment le sujet clé du roman. Faut-il vraiment chasser les furtifs, ces êtres non humains qui partagent le quotidien des personnages, ou faut-il apprendre à les connaître et les accepter tels qu’ils sont ? Clairement, Damasio fait allusion à notre société moderne où se côtoient différentes ethnies, religions, nationalités. Son message est limpide : apprenons à vivre ensemble, malgré nos différences, afin d’avoir un monde meilleur. C’est pour ça que je crois qu’il ne s’est pas planté et que ce roman va vite devenir un classique.
Jean Labrecque
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2 commentaires
Armand Garon
9 octobre 201921 h 46 min
Bonjour. Damasio je ne connaissais pas. Votre commentaire sur Les furtifs est intéressant et donne envie de lire le livre, qui avait déjà attiré mon attention en librairie et par le biais d’Internet. Maintenant j’ai cette question: Quel livre de Damasio choisir si je veux en lire un seul ? Merci. Armand. Le 9 octobre 2019.
Laliberte
10 octobre 201913 h 43 min
Bonjour M. Garon,
Nous consultons notre libraire Jean Labrecque, l’auteur de la chronique, et nous vous revenons avec sa suggestions! Au plaisir!