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Les chants du large d’Emma Hooper

9782896943937
Hooper, Emma – Les chants du large | Alto

Parce qu’il ne faut pas craindre les sirènes

cover« Elle s’appuya contre le vent et il s’appuya contre elle, et là, là, à la lisière du vent, elle entendit quelque chose. Une chanson. Une sirène. » C’est dans cet esprit que se déroule le roman Les chants du large d’Emma Hooper. L’auteure y présente une escapade entre la mer, les vents, la glace et les chants des marins attendant que les poissons se prennent à leurs filets. L’homme et la nature dépendent peut-être l’un de l’autre, mais il ne peut s’appuyer sur elle éternellement.

À Terre-Neuve, les lumières des bateaux se sont éteintes au moment où les poissons ont déserté le lac. Et peu à peu, les habitants des villages côtiers ont abandonné maisons et biens pour s’exiler sur le continent, là où le travail afflue. Bientôt, il ne reste plus que la famille Connor dont les adultes se partagent un travail dans l’Ouest pendant que les enfants font passer le temps. Cora voyage à travers le monde, une demeure abandonnée après l’autre, alors que Finn, ingénieux garçon de onze ans, tente à tout prix de faire revenir les poissons. Il pêche dans les livres et les histoires qu’on lui raconte, à la recherche d’un moyen de faire revenir les poissons, ses voisins et le réconfort de sa vie au bord de l’eau.

L’histoire mêle les mythes des premiers arrivants, de la traversée des poissons ainsi que les chansons traditionnelles terre-neuviennes, plongeant toujours le lecteur à la frontière entre le réel et l’imaginaire. En effet, les légendes, racontées comme des confidences, présentent une mer salvatrice, symbole d’espoir malgré les drames qui s’y déroulent parfois. D’un autre côté, le roman illustre les difficultés que subissent les habitants dans un village isolé où la pêche constitue la principale activité et la musique, l’échappatoire. Même si l’issue du récit est annoncée dès le début, l’auteure ne cesse de semer l’espoir que le vent tournera, au point d’en convaincre le lecteur.

L’écriture est douce et exprime la nostalgie d’un passé où les gens se sont unis autour de la mer, alors qu’elle les force désormais à l’exil. La musique est constamment présente grâce aux paroles de chansons reproduites à quelques reprises dans le roman, ce qui ajoute un caractère encore plus réel à ces villageois, et permet de connaître une partie de leur culture et de leur histoire. Si les mythes maudissent les chants des sirènes qui font couler les marins, ces voix constituent parfois l’unique espoir de retrouver le calme, hors des tempêtes du réel.

Mélissa Bouchard

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