L’air que tu respires de Frances de Pontes Peebles
Quand la Samba se mélange à la littérature
L’autrice Frances de Pontes Peebles avait connu un vif succès avec son premier roman, La Couturière, paru en français au Québec en 2009. Ce titre lui avait entre autres valu le Grand Prix des lectrices de Elle aux États-Unis en 2008. Une dizaine d’années plus tard, elle nous revient avec L’air que tu respires, un roman qui n’est pas sans rappeler la saga d’Elena Ferrante, L’Amie prodigieuse.
L’action se déroule au Brésil dans les années 30, où un couple de gens fortunés acquiert une plantation de cannes à sucre. Ils y emménagent avec leur fille unique, Graça. Cette dernière se lie d’amitié avec une jeune orpheline du nom de Dores, travaillant comme domestique sur la propriété. Ensemble, elles découvrent la musique, pour laquelle elles développeront une véritable passion. Dans leur jeune adolescence, elles s’enfuiront ensemble à Rio, à la poursuite de rêves et d’idéaux. La vie, avec ses rudesses et ses beautés, les mènera même jusqu’à Hollywood. À l’époque dorée du cinéma américain et des premières grandes productions en technicolor, l’une d’entre elles deviendra une véritable star alors que l’autre restera dans l’ombre.
Excellente lecture estivale, la samba et le fado nous habitent tout au long du récit. L’action se déroule dans une époque palpitante, lors de laquelle le monde vit de profonds changements. Graça et Dores ont une voix féministe d’avant-garde pour leur temps, essayant de se frayer un chemin dans un univers dominé par les hommes et, dans le cas de l’Amérique du Nord, par les blancs. Avec leur groupe, elles vivront de grands succès, mais connaîtront aussi les revers d’une vie de « star » dont la brillance n’en tient parfois qu’au costume. L’écriture de Frances de Pontes Peebles nous ramène du passé au présent (et vice-versa!), poussant le lecteur de façon occasionnelle à considérer l’action avec le recul du regard mature et vieillissant de Dores à la fin de sa vie. Une lecture qui continue de nous habiter, bien après avoir refermé la dernière page!
Éléna Laliberté
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