La Librairie La Liberté est située au 1073, route de l’Église, Québec (Québec), G1V 3W2

Essais

  • couverture

    «La perte et l’héritage» de Raphaël Arteau McNeil

    Pourtant, l’éducation est le propre de l’homme. En refusant la transmission des grandes œuvres, c’est notre humanité que l’on met à mal. Pour conserver les apparences, nous avons fait place au règne de la spécialisation, au risque de former des êtres bornés. La plupart du temps, c’est bien ce qui arrive : selon Arteau McNeil, la spécialisation ne remplit que très partiellement l’office de l’éducation véritable. Si l’éducation « est l’activité qui consiste à réfléchir sur son expérience » (p. 40), c’est à la transmission d’une culture générale que les professeurs doivent attacher leur attention. L’expérience, forcément multiple et complexe, peut être appréhendée par l’intelligence des grandes œuvres. Elles ne sont pas grandes par intention élitiste ou volonté d’oppression, mais bien grandes parce qu’elles ont su exprimer « le meilleur de ce qui a été pensé et connu » (p. 55). De Xénophon à John Erskin, l’essayiste dresse la genèse et la raison d’être de l’éducation par les œuvres marquantes, qui jusque dans les années 60, était considérée comme progressiste. Personne n’ignore plus aujourd’hui l’irritant procès en conservatisme auquel elle est soumise…

  • « Frankenstein lui a échappé » d’André Caron

    Cette année marque le bicentenaire de la publication de Frankenstein ou le promothée moderne de Mary Shelley. Qu’on l’ait apprécié ou non, ce roman gothique est devenu un monument de la littérature anglo-saxonne. C’est que le roman a rencontré, dès sa parution, un immense succès. S’est ensuivie, tout au long du XIXe siècle, une panoplie de pseudo-adaptations au théâtre. Le XXe siècle n’est pas en reste : dès 1910, Thomas Edison en produit la première adaptation cinématographique (les curieux peuvent d’ailleurs visionner facilement ce court métrage sur la Toile). Au total, à partir de cette date et ce jusqu’à nos jours, le savant et sa créature se retrouveront plus de 150 fois à l’écran.

  • « Les batailles d’Internet » de Philippe de Grosbois

    L’indéniable réussite des Batailles d’Internet réside dans la possibilité de  »présentifier » le Web et de lui  »donner corps » en inversant la perspective souvent utilisée pour traiter du cyberespace. En fait, Philippe de Grosbois rabat le réel social, politique et écologique sur le virtuel pour établir la passerelle entre le réel et l’immatériel : « loin d’être à l’extérieur de nos vies  »réelles », le réseau intègre maintenant un nombre croissant de nos interactions et échanges […]ix. » Il s’agit ici de mettre en lumière le fait que « [l]es batailles politiques et économiques qui prennent place sur Internet ne sont pas isolés de celles qui se déploient dans d’autres sphères de la sociétéx. » L’attention particulière de l’essayiste à se diriger vers les faits humains et sociaux lève le voile non seulement sur les impacts écologiques de l’utilisation d’Internet, mais aussi sur un enjeu crucial, celui de l’Internet libre. Il se trouve que « [t]outes les potentialités ouvertes par Internet, sur les plans de l’expression individuelle, de la culture, du journalisme ou de la démocratie, font l’objet d’une contre-attaque puissante et concertéexi. » L’État et les entreprises vont employer différents moyens pour limiter la liberté des internautes : les dispositifs de surveillance, les mécanisme de contrôle des communications et des mesures de répression contre les cyberactivistes. Si l’on doit mobiliser une « résistance numérique » pour riposter à ces mesures liberticides, celle-ci doit être orientée de façon à garantir la neutralité du réseau ( « la non-discrimination dans le traitement de l’information, tant de la part des fournisseurs d’accès à Internet que de la part des Étatxii ») ou à combattre les visées monopolistiques des géants du Net. Tout ceci sert, selon Philippe de Grosbois, à « conjurer les risques de centralisation et d’appropriation du réseau [et] à contribuer à son développement à des fins populaires et citoyennesxiii ».

  • couv-livre

    « Star Wars » de Will Brooker

    La superbe collection BFI : Les classiques du cinéma chez Akileos poursuit son développement avec la publication de l’étude d’Ian Brooker sur Star Wars. La récente sortie en salle de l’épisode VIII m’apparaît comme un moment idéal pour se plonger dans la lecture de ce texte qui est fascinant à maints égards.

    Ian Brooker introduit son sujet par une revue historique de la réception critique du film. On a beaucoup glosé sur l’importance de ce film en tant que blockbuster, réduisant la séduction qu’il exerce à la simplicité de son scénario, un soi-disant manichéisme qui ne peut que charmer les plus jeunes. Mais Brooker va plus loin : en jetant un œil aux premiers films de Lucas, tant ses courts métrages que ses longs (THX 1138 et American Graffiti), il remarque que l’on a fait du père de Star Wars un artiste expérimental qui aura sacrifié sa vision au profit d’une entreprise commerciale.

  • Discours décadent et spirale phobique

    Décadence fin de siècle nous aide à percevoir ce bruit de fond qui accompagne les réactions de défense et d’adaptation d’une caste privilégiée d’artistes et d’hommes politiques face aux bouleversements de l’époque. À travers son périple analytique, Michel Winock convoque bon nombre de doxographes : Léon Bloy, Joris-Karl Huysmans, Joséphin Péladan, Jules Barbey d’Aurevilly, etc. Ces chantres de la Décadence exaltent un « état d’esprit de rejet, où concurrent […] un sentiment d’insécurité, la peur de l’avenir, le trouble provoqué par les mutations économiques, par les changements dans les mœurs, le recul de la religion et des valeurs traditionnelles au bénéfice des sciences occultes, l’indignation face aux scandales financiers, à la prétendue émancipation des femmes, à la présence jugée excessive des étrangers et à l’installation d’un nouveau régime politique dépourvue de l’autorité légitime et de la stabilité nécessairevi ».

  • Freud wars : tuer le Père

    Dans Freud warsiv, Samuel Lézé transpose ces résistances psychiques du côté de l’arrière-plan culturel où s’est effectuée une véritable levée de boucliers face au freudisme. De 1912 à 2012, des polémiques entourant la personnalité de Freud et la psychanalyse ont éclaté dans l’espace public. Que ce soit dans la presse américaine dans les années 1990 ou plus tard en France avec la publication du Crépuscule d’une idole de Michel Onfray, une critique freudienne s’est constituée et Lézé a décidé d’en présenter une analyse culturelle. En mettant en lumière le cycle polémique qui structure la « fortune critique » de Freud, Lézé fait émerger la figure de l’anti-freudien, à laquelle il impose un « démasquage » : l’anti-freudien « peut être un freudien défroqué ou repenti (comme Frederick C. Crews), un sceptique invétéré (comme Gérard Pommier) ou un positiviste (comme H. Eysenck) invoquant le bon sens, la modernité et la raison, ou encore un psychanalyste qui tente de séparer le bon grain de l’ivraie dans la fondation freudienne de la psychanalyse (comme Maria Torök)v. »

  • Réflexions sur le temps présent

    Jacques Rancière aborde la démocratie sous l’angle de la représentation. Depuis les dernières décennies, le système représentatif n’a cessé de se renforcer et s’est gardé d’exprimer les vœux latents de la masse. C’est que le corps électoral ne représente pas le peuple, il s’est autonomisé sous l’enseigne des représentants légitimes, la « caste des professionnels du pouvoiri ». D’ailleurs, comme le précise le philosophe en analysant le mouvement des occupations et des places, la communauté est devenue avant tout un objet de désir.

  • La dernière œuvre de Gombrowicz

    9782743638696 Gombrowicz, Witold Cours de philosophie en six heures un quart Rivages – On attribue… Read more

  • Simone Weil – Note sur la suppression générale des partis politiques

    Publiée en 1950, soit sept ans après sa mort, cette brève réflexion contient toujours le tonique des convictions fondamentales de Weil pour le vrai et le bien. Il ne faut donc pas se surprendre de son aversion pour la réalité des partis, ces « machine[s] à fabriquer de la passion collective ». La démocratie étant indissociable du concept de volonté générale, elle explique que cette volonté, pour être digne de remplir sa visée politique, doit être traversée du travail de la raison, qui « discerne et choisit la justice et l’utilité innocente », raison qui, par ailleurs, « est identique chez tous les hommes, au lieu que les passions, le plus souvent, diffèrent ». La volonté générale n’est donc pas en elle-même la gardienne du salut publique; l’union des volontés particulières se fait en neutralisant les passions individuelles pour ainsi dégager l’espace du commun accord. Que l’union procède du contraire – par l’alliance contingente des passions individuelles – et voilà la démocratie viciée. Or, c’est précisément ce qui constitue le péché originel des partis politiques. Qui aujourd’hui méconnaît encore l’esprit de parti?

  • Décoloniser l’imaginaire

    Gagner sa vie génère nécessairement des frustrations destructrices. Selon Rodolphe Christin, le sort du travailleur est semblable à celui d’un traumatisé social : précarité, pression économique, chantage à l’emploi, idéologie managériale dégradante, etc. Pour le sociologue, « le travail ne tient plus le rôle de grand intégrateur qui lui était dévolu auparavant. Il ne structure plus la vie collective, mais, par ses faiblesses, il contribue à sa déstructuration progressiveiv. » Aux difficultés qui se présentent tout naturellement aux travailleurs s’ajoutent celles auxquelles fait face le théoricien voulant imaginer un au-delà du capitalisme.

1 2 3 4 5 6