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Le Grand Récit : Introduction à l’histoire de notre temps
Ce qu’il en a pensé On entend parfois évoquer, dans l’actualité, la fin des grands… Read more
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«Tu n’as jamais été vraiment là» de Jonathan Ames
L’adaptation remarquée de la nouvelle de Jonathan Ames, Tu n’as jamais été vraiment là, par Lynne Ramsay, enjoignit récemment les éditions Gallimard à rééditer cette jolie petite pièce de littérature. Sa simplicité est appréciable : Joe, tour à tour Marine, agent du FBI et homme de main, est mandaté d’exfiltrer d’un réseau de prostitution juvénile la fille d’Albert Votto, sénateur d’Albany. Pour ce faire, Joe devra affronter plus d’un imprévu, mettant à l’épreuve ses ressources stratégiques et tactiques et sa capacité d’adaptation. Du reste, la personnalité de Joe peut paraitre convenue ; un homme solitaire et taciturne à la psyché rompue par les coups d’un père violent (ex-Marine comme lui) ayant renoncé à l’amitié et à l’amour, si ce n’est l’amour filial et très discret qu’il porte à sa mère.
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Détournement d’État de Julia Posca et Guillaume Hébert
n cette période électorale, on ne peut nier que le livre de Julia Posca et Guillaume Hébert tombe à point nommé : une synthèse des quinze ans de règne libéral s’insère naturellement dans cette phase sensible de la vie démocratique. Puisant dans le large bassin d’études produites par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), les auteurs de Détournement d’État réussissent à dégager la logique qui a gouverné le Québec depuis 2003, par delà la fragmentation du traitement médiatique.
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«La perte et l’héritage» de Raphaël Arteau McNeil
Pourtant, l’éducation est le propre de l’homme. En refusant la transmission des grandes œuvres, c’est notre humanité que l’on met à mal. Pour conserver les apparences, nous avons fait place au règne de la spécialisation, au risque de former des êtres bornés. La plupart du temps, c’est bien ce qui arrive : selon Arteau McNeil, la spécialisation ne remplit que très partiellement l’office de l’éducation véritable. Si l’éducation « est l’activité qui consiste à réfléchir sur son expérience » (p. 40), c’est à la transmission d’une culture générale que les professeurs doivent attacher leur attention. L’expérience, forcément multiple et complexe, peut être appréhendée par l’intelligence des grandes œuvres. Elles ne sont pas grandes par intention élitiste ou volonté d’oppression, mais bien grandes parce qu’elles ont su exprimer « le meilleur de ce qui a été pensé et connu » (p. 55). De Xénophon à John Erskin, l’essayiste dresse la genèse et la raison d’être de l’éducation par les œuvres marquantes, qui jusque dans les années 60, était considérée comme progressiste. Personne n’ignore plus aujourd’hui l’irritant procès en conservatisme auquel elle est soumise…
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«L’héritage et autres contes» de Ringuet
« Mind your own business ! » : nous comprenons la déroute d’Euchariste Moisan en visite chez son fils établi aux États-Unis. Un pays qui séduit plusieurs Canadiens-français en ce début de XXe siècle, des pauvres en quête de travail. Là-bas, certains sont contraints de modifier leur nom. Les Larrivière deviennent les River, les Leblanc, les White. L’anglais s’est mêlé au français derrière les dents en or d’Ephrem Moisan et le sens des affaires prend le pas sur les affaires de sens ; le fils d’Euchariste ne fait plus grand cas de la religion, tout enfant de Dieu qu’il est.
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Les deux royaumes de Pierre Vadeboncœur
Avec grande prudence et pudeur, et pour assurer l’intégrité de ce qui surgit en lui comme une saison inconnue, mais aperçue de loin en loin, le livre s’ouvre sur la tentative de partager la lente progression d’une conscience vers les espaces de sa vraie destination. Lent, périlleux et difficile, c’est un acheminement dont les voies sont obstruées par une espèce d’abandon de tout un chacun au profit de l’immédiat, d’un présent désengagé et désenclavé de toute forme d’épaisseur culturelle, d’une conduite que les notions de vérité, de beau et de bien n’inspirent plus, d’une pratique de la condition humaine l’officiant à une négation en acte de tout ce qui rend digne le sacrifice de son ego.
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Joseph Conrad au coeur des ténèbres
9782253167440 Joseph Conrad – Le cœur des ténèbres | LGF/Le livre de poche – « Marlow… Read more
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La dernière œuvre de Gombrowicz
9782743638696 Gombrowicz, Witold Cours de philosophie en six heures un quart Rivages – On attribue… Read more
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Simone Weil – Note sur la suppression générale des partis politiques
Publiée en 1950, soit sept ans après sa mort, cette brève réflexion contient toujours le tonique des convictions fondamentales de Weil pour le vrai et le bien. Il ne faut donc pas se surprendre de son aversion pour la réalité des partis, ces « machine[s] à fabriquer de la passion collective ». La démocratie étant indissociable du concept de volonté générale, elle explique que cette volonté, pour être digne de remplir sa visée politique, doit être traversée du travail de la raison, qui « discerne et choisit la justice et l’utilité innocente », raison qui, par ailleurs, « est identique chez tous les hommes, au lieu que les passions, le plus souvent, diffèrent ». La volonté générale n’est donc pas en elle-même la gardienne du salut publique; l’union des volontés particulières se fait en neutralisant les passions individuelles pour ainsi dégager l’espace du commun accord. Que l’union procède du contraire – par l’alliance contingente des passions individuelles – et voilà la démocratie viciée. Or, c’est précisément ce qui constitue le péché originel des partis politiques. Qui aujourd’hui méconnaît encore l’esprit de parti?
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Michel Bernanos et La Montagne morte de la vie
Le sable, rouge lui aussi et fin comme de la poudre, signale un biome totalement inconnu, où le végétal côtoie le minéral à la façon d’un fervent son idole. Désorienté, démuni, le duo se détermine à s’enfoncer dans l’abondance verte pour rejoindre les montagnes, dans l’espoir d’y retrouver un environnement plus familier. Dans la succession des jours, le déplacement se ponctue d’inquiétantes découvertes : des plantes carnivores à la sève de sang, une bouche de sable mangeuse d’homme, le bruit lourd d’une respiration sous-terraine et surtout des sculptures anthropomorphes dignes d’un démiurge