Quand Bernard Émond revisite un classique de Tchekhov
UNE BANALE HISTOIRE – Anton Tchekhov
C’est le rêve de plusieurs d’atteindre la célébrité et son cortège de grandeurs et de respectabilités. Après une vie irréprochable, des circonstances inhabituelles accompagnent Nicolaï Stépanovitch à de nouvelles considérations sur son parcours. Homme savant, couvert des titres les plus prestigieux, il n’en est pas moins un homme au bord de sa fin ; il découvre par le truchement de l’inévitable la fragilité de son siège terrestre. Et le muscle de sa conscience sort tranquillement de l’anesthésie scientiste qui fut jusque là son lot. C’est une torpeur semblable qui envahit Katia, fille du défunt ami de Nicolaï, devenue sa fille adoptive, qu’il lui est impossible de consoler. Il s’en suit le silence des démunis. Ce silence, c’est ce que cherche à capturer Bernard Émond depuis La Neuvaine. Rien n’est alors moins étonnant qu’une adaptation d’Une banale histoire de Tchekhov, l’écrivain russe figurant par ailleurs au pinacle de son panthéon. Banale : le mot est juste. Dans le sens quantitatif à tout le moins ; qualitativement, l’histoire n’a rien d’ordinaire. Elle est le signe d’un manque à être, certains diraient d’une fuite, d’autres, d’un refus. Une inquiétude métissée d’une vague espérance sillonne l’œuvre d’Émond, lequel, pour ne pas se déclarer croyant, a eu l’intelligence de nous amener au-delà de cette fuite, de ce refus. Adosser au talent de Tchekhov, il sera intéressant de voir de quelle manière le cinéaste québécois renouvèlera la problématique de la finitude dans la condition moderne.
Il est possible de visionner le film dès aujourd’hui (21 août) au Cinéma – le Clap
Voici un petit avant-goût du film :
Une chronique de David Labrecque