Brassens et moi
Ce qu’il en a pensé
En 2021, on a célébré le centième anniversaire de la naissance de Georges Brassens. Voici un livre ni encyclopédique, ni dithyrambique, ni « redondantique ». Qui connait Maxime Leforestier et son art d’écrire des chansons sait qu’il ira droit au but sans écrire comme-ci ou comme ça pour faire semblant de cela.
Ainsi, lorsqu’il découvre Brassens il raconte : « Première leçon d’anticléricalisme, première fenêtre ouverte sur la liberté de penser. J’avais quatorze ans, il était temps. » Ce livre est magique par sa façon de raconter beaucoup avec peu de mots ou d’y apprendre qu’en 1972, avant le spectacle de Brassens à Bobino, il y avait une première partie qui ferait rêver toute relève d’aujourd’hui par sa générosité : « Le leveur de torchon » ; deux chansons, une poète, un jongleur, Maxime ; quatre chansons, Pierre Louki ; dix chansons. Et Georges Brassens venant saluer chacun avant le spectacle.
Maxime Leforestier est d’une grande franchise ; que fut pour lui Brassens ? « Pas un ami. Les siens étaient d’enfance, de captivité ou de culture. Ce n’était pas non plus un père. Son héritage appartient à tout le monde et personne ne descends de lui. Plus personnellement, La Non-Demande en mariage a longtemps été mon évangile jusqu’au jour où j’ai rencontré une femme que j’ai eu le désir d’épouser. Si Brassens n’était pas venu frapper à ma tête que serais-je devenu ? J’aurais sans doute été plus docile, ma vie n’aurait pas eu le même goût ».
Ne vous y trompez pas Leforestier a une connaissance intime de l’œuvre. Dès 1996, il débute son projet Brassens en enregistrant 12 chansons inédites. Puis fait un premier spectacle avec un cahier de chansons numérotées de 1 à 48. Il ne se décide pas de faire une liste pour sa soirée, il les aime toutes, ces chansons. Alors il demande aux gens de choisir des numéros qui deviennent, à chaque soir, son récital. Au fil des 500 spectacles un peu partout sur la planète, il terminera en 2005 l’enregistrement en spectacles de 171 chansons en 9 CD et deux coffrets.
Une intégrale dont il a le sentiment d’avoir rendu à Brassens ce qu’il lui avait donné. Non pas un hommage mais l’exécution d’une œuvre complète, achevée, définitive pour ceux souhaitant perpétuer sa diffusion.
Il n’y a pas meilleure conclusion que ces mots de Leforestier: « Chanter ce répertoire agit comme un vaccin contre la connerie, et tous les vaccins ont besoin de temps en temps d’une piqûre de rappel ».
Serge Durand