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Louise Latraverse

par Louise Latraverse (Éditions Québec Amérique, 2024)

Une chronique de Serge Durand

Les histoires de vie sont un monde en soi. Elles sont parfois familières et savoureuses. D’autres fois, elles apparaissent magnifiques et eaux-fortes. Plus rares, celles qui disent toutes les vérités qui ne sont pas toutes bonnes à dire. Et un grand nombre sont sous le sceau sacré de la protection du fonds de commerce de la « veudette ».

Ce livre n’est rien de tout ça, il est Louise Latraverse. Il a ce parfum existentiel qu’a si bien énoncé Gregory Corso : « Aujourd’hui est le premier jour de la vie qu’il te reste à vivre ».

Chacun des dessins et chacun des mots respirent de vie, de la vie, de sa vie. Cela coule de source. On le lit une fois. Et puis la deuxième fois, on saisit l’astuce. On regarde attentivement les dessins puis on lit le texte. L’image devient cette nappe polychrome qui vous accueille au repas de son verbe. Puis la troisième fois, je l’accompagne du piano de « Toutes les Saisons » de George Winston. Je fais comme Louise. Comme si je jouais ma vie.

Comme si mes cheveux blancs étaient ceux d’un enfant.
Comme si la vie était du cinéma. Comme si je jouais tous les rôles.
Comme si si je portais des talons hauts et touchais les étoiles.
Comme si tout était permis. Comme si la lumière nous éclairait tous en même temps.
Comme si les enfants pouvaient jouer dans des carrés au chocolat.
Comme si les fusils étaient à l’eau de rose et ne tuaient personne.

Louise Latraverse, Louise Latraverse, Québec Amérique, p. 78

Il y a dans ce qu’elle raconte un tel respect des autres. Une saveur aux épices si justement choisies sur une époque glorieuse d’une contre-culture québécoise ouverte à l’Orient, à New York, et aux amis rencontrés un peu partout : « Je suis faite d’eux, de ces moments de complicités, d’intimité, d’intensité, de bambochades, de prises de bec, de voyages, de partage de livres, de maison, de linge, de musique nouvelle et ancienne… de confidences prolongées jusqu’à la nuit.

Louise Latraverse, Louise Latraverse, Québec Amérique, p. 106

Et je ne sais, Madame Latraverse, si j’ai le droit d’en glisser un tout petit mot. Si non, pardonnez-moi. Lorsqu’on creuse un sujet, on apprend à chaque jour combien on est ignorant. Un jour, j’ai découvert par hasard une réédition d’un livre qui m’avait complètement échappé. Après sa lecture, force fut de constater que le livre de ma génération n’était pas « On the Road » de Jack Kerouac mais bien « Ringolevio » d’Emmet Grogan. Sa théorie de l’échec résonne à rebours de manière dangereusement prophétique.

Le dernier dessin du livre est fabuleux.

Le texte sur Simone Monet-Chartrand c’est aussi vous.

Jusqu’à la fin elle m’a rappelé l’importance du don de soi, de la culture, de l’amour de notre langue, de la poésie ,de la musique de notre pays, de la famille et de la beauté.

Louise Latraverse, Louise Latraverse, Québec Amérique, p. 129

Je vous quitte avec un sourire, ému, sans reprendre votre célèbre cri du cœur. Cela est bien inutile, il est partout dans votre livre.

Serge Durand

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