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Georges Perec et le travail de Sisyphe
L’annonce du parcours narratif laisse présager la plus grande banalité : « Ayant mûrement réfléchi ayant pris votre courage à deux mains vous décidez à aller trouver votre chef de service pour lui demander une augmentationiii. » C’est à ce moment que s’actionne l’engin infernal à « prévoir le déroulement favorable des opérations [qui] implique la complicité bénéfique mais hautement improbable de tout un ensemble d’élémentsiv », déterminer l’heure idéale pour tirer le maximum des fonctions administrativo-hiérarchico-professionnelles du chef de service, analyser les réactions du dirigeant face aux demandes d’augmentation du protagoniste, envisager les éventualités les plus « vraisemblables », choisir des stratégies pour atteindre l’objectif visé, etc. Perec dépose du sable dans l’engrenage narratif de sorte que l’entreprise du protagoniste devient vaine et inutile : l’action s’enchaîne par séquences répétitives et n’aboutit à aucun résultat concluant.